Annie Ernaux entre la recherche d'un genre littéraire et la recherche d'une identité

Abstract

INTRODUCTION GÉNÉRALE L'écriture autobiographique est un art difficile à échapper pour tout écrivain. Même si celui-ci ne consacre pas à vrai dire une partie de son art romanesque pour narrer sa vie, il l'insinue dans l'ensemble de ses ouvrages. Si on débute la chronologie de l'autobiographie, dans un sens critique, à Jean Jacques Rousseau dans ses confessions, et à Philippe Lejeune, du point de vue de la théorisation, l'écriture autobiographique a évolué si remarquablement après Rousseau et a commencé à dépasser largement la théorie de Lejeune. Apparaissent alors surtout au XXe siècle, d'autres formes du récit autobiographique: mémoires, carnet de voyages, journal intimes, souvenirs, etc. Au lieu de préférer se camoufler derrière les protagonistes de leurs romans, de peur d'être scandalisés lorsqu'ils se démystifient et divulguent leurs vie intimes au public, les écrivains ont osé d'une manière aussi étonnante que gaillarde, de raconter leur vie, les petites péripéties, honteuses soit-elles. Dans la seconde moitié du dernier siècle, et sous l'effet des bouleversements sociaux et l'émergence des mouvements féministes et émancipatoires dus à la participation efficace de la femme dans l'activité sociale, les voix 4 silencieuses des femmes, opprimés et marginalisés, ont commencé à se faire entendre. La littérature féminine a fait son essor avec l'apparition des voix comme Marguerite Duras, Simone de Beauvoir, Colette, Françoise Sagan et Annie Ernaux, parmi d'autres. Pour Annie Ernaux, elle n'a écrit que sa vie et celle de ses deux parents, c'est incontestable! Mais, du point de vue théorique, son écriture ne répond pas parfaitement aux exigences de Philippe Lejeune. Elle a réussi à nous tracer les grandes lignes et les contours de la société française à l'époque, tout en accordant une attention particulière aux déclassés et marginalisés.